SHOWDOWN:

HISTORIQUE

Le Showdown est un sport à l’origine conçu pour des déficients visuels, mais l’apprentissage est indépendant du degré de vision ! Pour un voyant, une comparaison avec le tennis de table serait possible, même si la forme de la table et du matériel en général diffèrent bien de son grand cousin, le ping-pong. Relativement statique d’apparence, c’est un sport qui nécessite une grande concentration intérieure, car ici, c’est oreille qui vous guide.
Dans les années 1960, un athlète aveugle canadien nommé Joe LEWIS, voulut créer un sport praticable par les malvoyants sans assistance visuelle, de manière à ce que le joueur puisse réagir seul face à un défi proposé. Malgré les succès et l’impact croissants de ce nouveau sport (présenté comme sport de détente en 1980 aux jeux paralympiques d’Arnhem en Hollande, puis à Long Island en 1984, Séoul en 1988, Saint – Etienne et en Hollande en 1990 pour les championnats du monde, enfin respectivement en 1992 et 1996 à Barcelone et à Atlanta pour les Jeux Paralympiques), le Showdown n’est pas une discipline paralympique, car au niveau international, il ne respecte pas les critères d’acceptation : Nombre de continents pratiquant la discipline, nombre de pays, système de compétition, identifier avec les championnats de référence (par région et monde), nombre de pratiquants, inégalités dans la mise à disposition et la qualité du matériel…
Malgré le succès lors de sa présentation à Atlanta en 1996, à l’issu de laquelle près de trente pays ont contacté l’IBSA (International Blind Sport Association) afin d’obtenir des règlements pour diffuser la pratique de ce sport chez eux, le showdown n’a pas pu être homologué et est jusqu’à nos jours resté un sport récréatif. Pour les Jeux paralympiques de Pékin, il n’était pas annoncé en démonstration et du côté administratif, il n’est à cette heure même pas à l’étude au niveau des instances internationales. Au niveau national, le showdown n’est pas fédéré, et malgré les quelques associations qui accueillent des joueurs plus pour le loisir que pour la pratique compétitive, l’essor reste difficile. La fédération française Handisport, voyant les résultats peu convaincants, a choisi de suspendre les opérations pour le showdown. Cependant, l’essentiel reste préservé : les joueurs, voyants ou non, restent enthousiastes lors de la pratique et ne demanderaient qu’à progresser. Ce n’est donc, comme souvent, qu’une question d’ordre pratique pour relancer l’activité. La motivation est au rendez-vous, il manque la mise en œuvre.
Le showdown est en déperdition, faute d’implication et de mauvaise communication médiatique. C’est donc un problème essentiellement humain, et non dû à une éventuelle inégalité du jeu lui-même.

LE SHOWDOWN –

BIEN PLUS QU’UN SPORT POUR LE VOYANT
                                               
L’univers du son est totalement sous-exploité dans notre société au profit du visuel. L’ouïe, une capacité sensorielle cependant incontournable, est loin d’être exploitée à sa juste valeur, faute d’occasions, certes, mais aussi d’endurance pendant l’apprentissage. Les formations sont longues, difficiles et chères pour peu d’utilité pratique dans la vie quotidienne. L’apprentissage d’un sport d’handicapés conçu par un handicapé et non adapté d’un sport traditionnel permet au voyant d’apprécier l’authenticité d’un monde mystérieux et souvent inaccessible pour la plupart des individus. A travers un sport, une détente couplée d’une discipline rigoureuse et exigeante, il peut par ce biais découvrir de manière agréable une facette du monde nocturne et magique des aveugles ; une facette qui est en réalité bien autre chose qu’un handicap : la compensation totale du visuel par l’auditif, poussée à un degré d’acuité inconcevable pour un non-initié.

Le showdown est bien plus qu’un sport : c’est une révélation !
Cette discipline permet au voyant de découvrir ces sensations incroyablement puissantes dans l’espace sonore à quatre dimensions (longueur, largeur, profondeur et le temps de parcours pour calculer la trajectoire de la balle) grâce au son produit par la trajectoire de la balle à grelots roulant sur la table lors du jeu. Jamais un voyant n’aura ressenti de telles vibrations dans sa vie. Ainsi, il pourra assister à une véritable rééducation de son écoute par la découverte (ou devrions-nous plutôt dire : redécouverte) de son environnement sonore, puis la maîtrise progressive de cet espace, pouvant atteindre au bout d’un certain temps de pratique, des performances de précision et de cadrage auditifs dépassant tout ce qu’il pouvait imaginer.
Plongé dans le noir le plus complet par les lunettes de protections opaques, le joueur n’a plus que l’ouïe pour se repérer, et doit focaliser sa concentration sur des sens qu’il utilise beaucoup moins sciemment : le voyant se retrouve handicapé dans le monde de l’ouïe, le toucher étant réservé au contact immédiat pour délimiter les bords de la table et du but ou lors de l’impact avec la balle.
Certains parcs de loisirs mettent à disposition des attractions à sensations fortes mettant l’ouïe durement à l’épreuve pour un court instant. Elles surprennent le voyant bien plus que l’aveugle qui se nourrit quotidiennement du son. Le showdown, c’est aussi l’exploitation de cette sensation intense, avec la différence fondamentale et le grand avantage que cette fois, l’acteur, c’est le joueur actif qui a une partie à gagner contre un adversaire et non un spectateur passif confortablement assis dans un fauteuil. L’intensité reçue est donc double, augmentée par l’enjeu de la partie.

Au bout de juste quelques cours, le joueur voyant aura une toute autre perception du son et de son entourage. Au bout de plusieurs mois de pratique, en ferment les yeux, il aura la sensation d’entendre les bruits environnants avec beaucoup plus de clarté, comme passés par un filtre. Cette impression se développera avec la pratique et la prise de conscience de la spatialisation sonore autour de lui.

Le bruit a maintenant une logique, une trajectoire, une forme.
Ce n’est plus juste du bruit, c’est un enchaînement cohérent de sons, chacun ayant son point de départ, sa source, de plus en plus facilement décelable. Pour les personnes anxieuses de nature, la peur du noir tend à se minimiser peu à peu. Quant à l’apport sportif même, il trouvera dans le showdown une sensation d’épanouissement tant corporel qu’intellectuel.
Et surtout, jamais il ne verra le monde des aveugles de la même façon.